22.8.06

Au Corte Inglés

Moi, voler me tue. À l'époque où Paloma travaillait dans la rue vendant des photos instantanées, elle ne comptait pas faire d'investissement dans du matériel. Les jours de nos rendez-vous avec elle, on allait tous les trois piquer les cartouches Polaroïd au Corte Inglés. Transpiration à mourir... Celui de Goya, celui de Sol, celui de La Castellana... Elle finissait par être connue de tout le personnel et interdite d'entrer.
-Nom ?
-Rosario Frutos.
-Rosario Frutos et... ?
-Rosario Frutos Flores.
-Aha... Bien, ne revenez plus ici, madame.
-Ok, au revoir.
-C'est ça.
Et on y revenait. Au rayon, Paloma nous plaçait stratégiquement :
-Mets-toi là, devant le vendeur. Et toi, là... On y va.
À peine trois secondes d'opération, mon coeur explosait et :
-Allez, allez, allez, on s'en va !
Dans la rue, énervés, on soufflait, on riait, on se défoulait. On avait l'air très suspect, quand-même. Je n'ai jamais supporté ça, voler aux magasins. Mais on avait rendez-vous avec elle chaque semaine et... Bon, c'était maman. Pas de pitié pour les scrupuleux. Comment refuser ! Maman super belle, super forte, on lui obéit toujours, à quatorze, à dix-huit ou à vingt ans. Et n'allez pas croire: avec le temps, j'y succombe toujours.

No hay comentarios: